Baissons le volume !

Vous m'entendez ?
Vous m’entendez ?

La toile. Un gigantesque tableau blanc ouvert à tous. On écrit, on efface, on réécrit, on filme, on photographie, on refait, on défait, on dessine, on oublie, on crée… Le nombre des possibilités est vertigineux, le support tellement énorme que chaque individu ne peut distinguer qu’une partie infime du contenu.

Alors, comment naviguer ? À vue ? Au hasard ? Suivre une course logique ? Un chemin tracé ? Comment faire ?

J’essaie d’éviter les slogans écrits trop gros, les phrases trop aisées à comprendre, qui font mouche instantanément, qui, à peine énoncées, sont ingérées et digérées ; je m’en méfie. Elles flattent l’intelligence mais elles masquent les concepts plus discrets, plus réfléchis, les discours qui ne savent pas « se vendre », ceux qui cherchent en toute simplicité, en toute honnêteté, à livrer une véritable réflexion, à ouvrir un débat, qui cherchent à comprendre et sont prêts à changer, à hésiter, à se tromper. À peine ai-je émis une affirmation que j’ai envie de démontrer son contraire… et sa tangente… et sa diagonale…

J’ai envie de parler mais surtout de ne pas crier trop fort. Ne pas assourdir ceux qui ne sont pas d’accord. Juste poser ma vision parce que le volume sonore des idées qui me parviennent est trop fort. Et que je n’aime pas cette musique. J’ai l’impression d’avoir le cerveau connecté sur Radio Nostalgie en permanence. Pourtant, j’ai commencé à chercher des solutions : télé coupée, radio baissée et limitée à quelques stations, journaux fermés, magazines ignorés. Il reste les livres heureusement. Et la toile. Mais dans cet univers-là, je ne sais pas éviter le piège de l’idiotie et de la vulgarité. Je me heurte à la violence verbale, à la pauvreté de la réflexion, au rabâchage de clichés, aux poncifs assénés. Ça crie fort, ça crie mal et ça fait mal à la tête.

Alors, puisque je n’arrive pas à couper totalement le son des pensées uniques qui m’assaillent, à échapper à l’obscurantisme qui gagne du terrain, j’ouvre ce blog pour participer au brouhaha. En sourdine…

En livrant mes écrits, je pourrais, qui sait, tisser des dialogues, créer des partages, accéder à un escalier de service de la toile ? C’est enthousiasmant d’imaginer rejoindre un bon gros courant d’air qui chasserait les idées délétères qui stagnent dans les cerveaux, qui y ferait de la place pour y mettre autre chose, d’autres pensées, qui elles-mêmes seraient repoussées à leur tour pour laisser le terrain à d’autres. Toujours le mouvement, toujours l’activité. Pour le corps mais aussi pour l’esprit. Ne jamais me reposer tant que je suis vivante.

La goutte d’eau, le murmure… Ce sont de bonnes représentations de notre statut d’être humain. J’en suis une représentante parmi des milliards d’autres, pas meilleure mais pas pire non plus. Je saisis ainsi l’occasion technologique qui est offerte à tous pour faire entendre ma voix. La voix est libre, libre est la voie !