Scientifiquement prouvé

Les sciences, activités humaines où règnent la logique et la raison, sont généralement considérées avec respect. Les scientifiques sont des êtres situés en haut de la pyramide des connaissances. Ils en imposent. De plus, les résultats des études scientifiques tels qu’ils nous parviennent se trouvent rarement en opposition à la pensée normée. Souvent, la science est utilisée pour nous renforcer dans nos idées reçues. L’exemple type en est le fameux : « Les hommes sont de Mars, les femmes de Vénus ». Il est quasiment impossible de s’opposer à cette « vérité » tant elle s’est ancrée dans nos esprits, étayée par de nombreux ouvrages sérieux. On a trouvé des raisons prétendument scientifiques au fait que les femmes restent à la maison pendant que les hommes traînent au bar, on ne peut plus aller à l’encontre de cette grande pensée de l’humanité. Les scientifiques sont passés par là, il n’y a plus rien à dire. Le bon sens populaire triomphe.

Or, une assertion estampillée « scientifiquement prouvée » n’est parfois guère plus crédible qu’un produit « vu à la télé ». Si ce dernier label n’entraîne plus la confiance de la majorité des consommateurs, le premier, en revanche, a de beaux jours devant lui. En outre, une fois qu’une de ces pseudo-vérités scientifiques est née et qu’elle est acceptée, elle perdure même si l’on vient à prouver qu’elle est sans fondement. Si elle a la vie tellement dure c’est qu’en général, elle ne révèle rien de novateur, elle vient simplement renforcer ce qui nous semblait déjà évident. À ce sujet, un petit ouvrage très intelligent, Cerveau, sexe et pouvoir, de Catherine Vidal et Dorothée Benoit-Browaeys, bouscule quelques idées reçues sur les femmes.

Mais les idées reçues touchent tous les domaines, pas uniquement les femmes. Il m’en vient des dizaines à l’esprit : les noirs courent plus vite (une idée plus vraiment exprimée car politiquement très incorrecte mais fortement ancrée tout de même), les Brésiliens aiment danser et faire la fête, les Suisses sont calmes, les petits garçons sont turbulents… Inépuisable liste.

Voici un exemple tout à fait anodin : qui n’a pas joué en société à rouler sa langue en U pour déterminer qui pouvait parvenir à un tel exploit ? Nous le savons tous, le fait est génétique. On peut le faire ou pas, on est né avec ou pas, ça ne s’apprend pas. Le gène du « roulage de la langue » (gène crucial dans le développement humain) a été déterminé par une étude américaine des années 1940. Depuis, des scientifiques plus récents ont affirmé qu’il n’en était rien (et ceux de demain viendront peut-être affirmer que le gène existe réellement ou entrer d’une autre manière en conflit avec les généticiens d’aujourd’hui). Où que soit la vérité, le mythe est resté : pouvoir placer sa langue en U, c’est génétique !

 

Si le sujet vous intéresse, vous trouverez ici, un texte sur des recherches scientifiques édifiantes pour l’humanité.

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *