Suis-je en train de devenir zinzin ? Suis-je la seule à voir ces annonces qui clignotent sur ma messagerie électronique ? Je ne suis pourtant pas paranoïaque. Je sais que la publicité numérique n’agresse pas que moi, mon ordinateur, mes pages de recherche. Je sais qu’elles sont ciblées. C’est d’ailleurs pour ça que je m’interroge.
Voici donc l’état des lieux : je travaille sur ordinateur ; je suis donc connectée toute la journée, principalement pour des recherches d’ordre terminologiques. En outre, j’utilise peu les réseaux sociaux mais j’ai un compte Facebook auquel je me connecte par intermittence, environ deux ou trois fois par mois. Je suis connectée tous les jours à mon adresse électronique et je l’utilise souvent. J’ai ce blog. Je publie des textes sur Short Edition. Je fais peu d’achats sur internet en dehors de billets de train et d’avion. Selon moi, je suis une utilisatrice régulière d’internet ; je me situe dans la moyenne. Je n’ai pas la possibilité de me livrer à une analyse plus fine qui indiquerait si je me trouve plutôt en haut ou en bas de la fourchette. Selon l’avis des annonceurs, je ne me connecte certainement pas assez mais leur avis est peut-être biaisé.
N’étant pas totalement neuneu, je sais, et je peux même le constater, que ces publicités sont ciblées. Si j’achète un billet d’avion pour Rome, dans les jours qui suivent, ma messagerie me propose des hôtels à bas prix, des promotions rien que pour moi, exactement pour la période à laquelle je me déplace, parce que je suis sympa. Elle me propose également des billets d’avion pour Rome. Là, on sent que les algorithmes ne sont pas encore tout à fait au point. Ils n’ont pas poussé la finesse jusqu’à vérifier si je cherchais toujours ou si j’avais déjà acheté ce billet. Un peu à la traîne… Ce ciblage désorienté me rassure. Je me dis que les algorithmes sont encore dans leur tendre enfance. Ils errent. Ils cherchent. Mais j’ai confiance en la technologie. Bientôt ces petits défauts de conception seront décrits comme la préhistoire de la publicité ciblée. Bientôt, ça veut dire l’année prochaine au plus tard…
Je me pense donc une utilisatrice avisée. Voilà pourquoi un affreux doute m’envahit. Mon hygiène laisse-t-elle à désirer ? Et si c’est le cas, comment mon ordinateur le sait-il ? Cela fait des semaines, peut-être plus, que la principale publicité qui s’affiche sur ma messagerie électronique concerne le nettoyage du cérumen !
La tête graisseuse d’un coton-tige brun jaunâtre brandit sa saleté à droite de ma boîte de réception. Elle m’invite à me nettoyer les oreilles. Il serait temps que tu t’y mettes, me crie-t-elle. Tu as vu l’état de tes oreilles ?
Pourquoi ?
Je n’ai jamais fait de recherches sur le cérumen. J’en suis certaine. Je ne fais pratiquement jamais de recherches médicales qui ne soient pas terminologiques. Je ne me suis jamais posée de question à ce sujet, ni même sur l’orthographe de cérumen. Alors comment expliquer ce harcèlement ?
Soit les publicités ne sont pas ciblées et une campagne mondiale de lutte contre le cérumen a été lancée. Je sais qu’elle est mondiale, ou au moins européenne, car ma connexion VPN ne me localisant pas toujours en France, j’ai droit à cette publicité en hollandais, en anglais et même en roumain. Soit les publicités sont ciblées et on m’envoie un message subliminal.
Voici ce que dit cette publicité :
Nettoyez facilement le cérumen
Le cérumen peut entraîner des pertes d’audition et de mémoire. Essayez ce produit.
Bien que souffrant d’une curiosité maladive, je me suis bien gardée de cliquer sur Ouvrir. Malheureuse ! J’avais peur de tomber dans le piège infernal du repérage ciblé. J’étais déjà harcelée sans aucune raison, alors qu’adviendrait-il de ma messagerie si je faisais mine d’être intéressée par le produit ? Des coulées de cérumen se mettraient-elles à dégouliner sur mes e-mails ? Un gigantesque coton-tige en 3D crèverait-il mon écran ?
Je lance donc un appel aux lecteurs. Si vous aussi vous êtes envahis de ces publicités, faites-le savoir ! Ça me rassurerait…
Et pour vous remercier d’avance, je partage une information que j’ai apprise il y a une trentaine d’années au Brésil : Nada menor do que o cotovelo deve ser colocado nos ouvidos.
Traduction pour les non lusophones : on ne doit rien insérer dans l’oreille de plus petit que le coude. Traduction de la traduction : il ne sert à rien de nettoyer ses oreilles avec un coton-tige qui ne fait que pousser le cérumen plus au fond dans l’oreille et peut former des bouchons. Je ne sais pas si c’est vrai mais je n’utilise que très rarement ces instruments. Google, Yahoo et tous les annonceurs le sauraient donc et tenteraient de me détourner de cette voie de la sagesse ?…
*
Note de dernière minute ! Le mystère s’épaissit. Alors que je mettais le point final à ce texte, une nouvelle campagne de publicité attaque ma navigation. Sur le bout d’un index, de petites boules graisseuses, semblables à du cérumen, représentent le nouvel ennemi que je dois combattre : la mauvaise haleine ! Une phénoménale campagne anti-crasse est-elle lancée ?
Princess or not princess what is the question ?
Princess, of course!!! 😉
Chère Klode,
Mes pages internet sont aussi truffées de ces pubs sur le cérumen, que je trouve assez répugnantes.
Sois rassurée, je pense que c’est l’hygiène national qui est visé.
Et mes oreilles se portent à merveilles. Elles t’embrassent.
Aaaaaah ! Merci ! Tu me rassures ! L’hygiène national, je ne vois pas trop ce que ça peut être mais, au moins, je ne suis pas une cible ! (A moins que toi non plus tu n’utilises pas assez les Cotons-Tiges au goût de ta messagerie… ;-))
Moi je n’ai jamais vu ces pubs… Que dois-je en conclure ?? Suis-je myope ?
Toujours pleine d’esprit la Klode, je t’adore !
😀 ! C’est ça ! Peut-être que tu vois pas les énormes pubs pour des lunettes ! 🙂
Moi aussi, je reçois cette publicité que je trouve répugnante et je me suis posée les mêmes questions que vous, n’ayant jamais fait de recherche sur le sujet. Quel intérêt ce genre de pub ?
Allez savoir… Je ne vois plus ces publicités depuis des mois. Elle reviendront peut-être…